vendredi 17 octobre 2014

Scène 11

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 11


Lorsqu’elle arriva dans la cuisine, une agréable odeur de poison grillé provenant de la cheminée enveloppa la jeune elfe. Remarquant leur présence, Jolianne se tourna vers eux, un grand sourire au lèvres.                            
-Merci à vous deux, les réserves commençaient vraiment à s’épuiser. Alors? Dis moi comment as-tu trouvé Albar ?
L’air interrogateur de Caevanne amusa la jeune femme.
-C’est le nom de la ville ! elle se tourna vers Thilas, tu ne lui as pas dit?
Le jeune elfe fit la moue mais Jolianne avait déjà reporté son attention sur Caevanne.  
-L’endroit est très joli et surtout très grand, je n’ai jamais vu un marché comme celui-là.
L’humaine sourit, l’air satisfait.
-Je suis contente que tu te sentes bien ici. Installez vous, je vais chercher Ogan pour le repas.
Acquiesçant d’un signe de tête, Caevanne prit place aux côté de Thilas à la petite table de la cuisine.
Au moment où Jolianne disparut dans le couloir, la jeune humaine aux cheveux blonds arriva de la grande salle. “Leonna”, se rappela la jeune elfe.
Celle-ci s’approcha du feu et retira le plat. Elle le déposa en bout de table alors qu’Ogan arrivait dans la pièce, suivit de sa femme, Jolianne. L’homme interpella la servante dans la langue locale et désigna la grande salle du doigt. Leonna prit une cruche de vin et disparu dans la pièce voisine. Caevanne entendit plusieurs voix et rires, c’étaient des clients. La jeune humaine réapparut et prit de nouveau place à la table.
Comme Thilas, la jeune elfe entama la soupe de poisson qu’on lui avait servie.
-J'imagine que tu mangeais pas mal de poisson, là bas, non?

C’est Jolianne qui venait de l’interroger.
-Oui, mon père était poissonnier, lui répondit Caevanne.
La jeune elfe se rendit compte qu’elle n’avait pas spécialement envie de parler de sa vie sur l’île. Elle allait désormais vivre ici.
Caevanne plongea son regard dans son bol face à elle et, à son grand soulagement, Jolianne ne lui posa pas de nouvelles questions.
Assis en bout de table, Ogan avait l’air préoccupé. Il se tourna vers Thilas et prit la parole.
Caevanne l’écouta parler, imaginant ce qu’il pouvait dire.
Contrairement à l’elfique, chacune des syllabes étaient appuyées et distinctes. Cela rendait son ton lourd, beaucoup moins fluide que sa langue, presque pesant. Peu être que cette impression ne venait que de la façon dont parlait Ogan, de sa voie grave et lente?
La jeune elfe ne fut pas mécontente de reconnaître dans ses phrases quelque mots qu’elle avait entendu un peu plus tôt au marché.
Ogan avait l’air grave, ce qu’il disait devait être très important et Caevanne regretta de ne pas pouvoir le comprendre. Jolianne prit la parole à son tour, elle semblait appuyer ce que disait Ogan.
La jeune elfe eut beau se concentrer sur le ton de leur voie, sur les expressions de leur visage, elle ne devinait rien de ce qu’ils pouvaient dire.
Contrariée, Caevanne se jura intérieurement de comprendre cette langue le plus vite possible. Après tout, si elle avait appris dès huit ans la langue des anciens elfes, en assimiler une nouvelle à presque quinze ans était tout à fait envisageable.
Peu après le repas, Caevanne s’attarda dans la cuisine et Jolianne lui raconta ce que Ogan leur avait dit.
-Quelques jours avant que tu arrives, Ogan a retrouvé d’anciennes connaissances, des marchands avec qui il a beaucoup voyagé il y a une vingtaine d’années.
Jolianne lui fit signe de s’asseoir et reprit son récit.
Au moment où son père, Bhram, est mort, lui et moi nous sommes installés ici, à l’auberge. Contrairement à ses compagnons de voyage,  Ogan n’a pas eu l’occasion de devenir un marchand aux services de la citadelle.
L’humaine fit une pause avant de conclure.
-Ogan leur a beaucoup parlé et, d’ici un mois ou deux, nous aurons peut être la chance de nous installer là-bas, nous aussi.
Se réjouissant de leur éventuelle réussite, Caevanne se demanda cependant ce que pouvait en penser Thilas.
La jeune elfe n’eut pas le temps d’y réfléchir d’avantage, Jolianne l'interpellait de nouveau.
-J’aurai maintenant une proposition à te faire.
Caevanne attendit sans comprendre.
-Tout à l’heure, je t’ai observé pendant qu’il parlait et tu n’avais pas l’air d’aller très bien. J’imagine que les derniers jours n’ont pas dû être faciles pour toi mais je pense que tu dois passer à autre chose, je pense que ta vie est ici maintenant.
Jolianne s'arrêta, elle la regardait droit dans les yeux.
-Je vais t’apprendre notre langue.
Pour la première fois depuis son arrivée, un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune elfe.

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