mercredi 24 décembre 2014

Scène 12

Chapitre 1 : Une nouvelle vie
scène 12



Caevanne souhaitait à présent retrouver sa chambre et traversa le couloir plongé dans l’obscurité pour s’y rendre. Au moment où elle s’apprêtait à prendre l’escalier, une voix familière l’arrêta.
-Tu peux venir avec moi à la forge ? Je voudrais te parler.
Se retournant, Caevanne devina la silhouette de Thilas dans la pénombre. Il venait de sortir d’une des pièces adjacentes au couloir. La jeune elfe comprit que ce devait être sa chambre et, s’approchant, elle se demanda ce qu’il pouvait avoir à lui dire.
-Suis moi, la forge est à côté de l’écurie.
Sans perdre de temps, Caevanne lui emboîta le pas et tout deux traversèrent la cuisine déserte.
S’arrêtant devant la porte d’entrée celui-ci se tourna vers la jeune elfe. C’est à cet instant que Caevanne ressentie une étrange sensation, un bourdonnement presque inaudible résonner à ses oreilles.
Un regard jeté en direction de Thilas lui confirma qu’il ne semblait pas l’avoir remarqué.
-Il ne vaux mieux pas que Jolianne m’entende parler de ça, dit-il tout bas, elle s’énerve toujours très rapidement quand j’aborde le sujet.
La jeune elfe ne l’écoutait plus, elle essayait en vain de trouver l’origine du faible vrombissements qu’elle percevait.
-Tu sais, je pense qu’elle me cache quelque chose, poursuivit Thilas qui ne paraissait toujours pas y prêter la moindre attention.
Il ouvrit la porte d’entrée et s’engagea dans la cours baignée de lumière.
Caevanne l’entendit reprendre son explication mais sa voix lui semblait lointaine et la jeune elfe portait à présent toute son attention sur ce sifflement qui ne cessait de s’intensifier. Elle posa sa main sur son front.
-ça ne va pas? lui demanda finalement Thilas.
Prise d’un faible vertige, celle-ci s’appuya contre le mur de l’auberge.
-Je ne sais pas, je dois être un peu fatiguée.
En vérité, cette sensation la préoccupait beaucoup ; jamais Caevanne n’avait ressenti quelque chose de semblable jusque-là.
Dévisageant Thilas, elle s’attendait à ce qu’il lui dise d’aller se reposer, qu’ils pourraient revenir plus tard mais celui-ci resta là observer, le regard étrangement absent.
Hésitant un instant, Caevanne s’engagea à son tour dans la cour.


Arrivé au niveau de l’écurie, celui-ci s’arrêta de nouveau et désigna du doigt un des grands chevaux noirs qui leur faisaient face.
-C’est pour lui qu’Ogan m’a demandé d’aller à la forge, son propriétaire dit qu’il boîte et je pense que c’est à cause de l’usure de ses fers. Il veut qu’on les lui remplace avant son départ, demain matin.
Sans s’étendre d’avantage en explications, Thilas se dirigea vers le fond de la cour.


Tout deux se trouvaient maintenant devant ce que Caevanne avait, à première vue, perçu comme un recoin sombre et abandonné de la cour.
L’espace dans lequel ils venaient d’arriver était à peine plus grand que la cuisine, le sol y était en terre battue.
Une enclume se trouvait en son centre et Caevanne remarqua également de nombreux outils métalliques accrochés un peu partout sur  les murs noircis d’une épaisse couche de suie.
Thilas s’arrêta et sorti quelque chose de sa poche.
-Regarde, c’est ce que je voulais te montrer.
Il lui tendit une broche qu’elle examina avec curiosité. Elle était en argent, finement ouvragée. Caevanne reconnu le travail des elfes.
-C’était à ma mère, expliqua Thilas.
Son changement d’attitude était étrange, il semblait soudainement très grave et ne lâchait pas Caevanne des yeux.
-Je n’en ai jamais vu de comme ça, là où j’étais, souffla-t-elle. Peut-être que ça vient de l’île principale, des grandes villes.
-Tu crois ? répondit-il en empoignant le maillet contre le mur. Et tu n’as jamais pu aller là-bas ?
Comme Caevanne l’avait deviné, ce sujet paraissait très important pour lui et, à cet instant, la jeune elfe aurait aimé pouvoir lui en apprendre d’avantage.
-Non, j’en ai simplement entendu parler.
Elle devina chez lui une légère frustration qui se volatilisa lorsqu’il reporta toute son attention sur le fer qu’il tapait à grand coup de maillet.
Le regardant travailler le métal rougeoyant, la jeune elfe repensait à ce qu’il venait de lui montrer, la broche de sa mère.
Elle se demandait qui cette femme pouvait être, et ce qui avait bien pu se passer pour que tout deux se retrouvent séparés.
Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite que Thilas s’avançait vers elle, tenant entre ses gants en cuirs le fer à cheval encore fumant.
-Voilà, je vais les donner à Ogan quand il rentrera. On ferait bien d’y aller, c’est une vraie fournaise ici.
Tout deux arrivèrent dans la cuisine où se trouvait Jolianne, affairée à préparer le repas du soir. Elle remarqua leur présence et fit signe à Caevanne de venir la voir.
-J’aurai besoin de ton aide pour écailler le poisson de ce soir. Je suppose que tu sais comment t’y prendre, non ?
C’était évidemment une activité que la jeune elfe pratiquait presque tout les jours avec son père lorsqu’il rentrait du port. Caevanne était ravie, elle allait pouvoir se rendre utile.
-Oui, bien sûr !
Lorsque Thilas disparu dans le couloir, Jolianne se rapprocha discrètement d’elle et parla si bas que la jeune elfe dût se pencher pour l’entendre.
-J’ai bien réfléchit à ce qu’on s’est dit tout à l’heure. J’ai beaucoup de choses à faire en ce moment mais je pense qu’on va pouvoir se débrouiller, ajouta l’humaine.
Caevanne était vraiment reconnaissante auprès de Jolianne car, à présent qu’elle était résignée à rester là, la jeune elfe souhaitait plus que tout comprendre les discussions qu’il pouvait y avoir autour d’elle. L’humaine sembla d’ailleurs remarquer son enthousiasme.
-Je suis contente que ça te fasse plaisir, lui-dit-elle, retient cependant qu’il va falloir que tu te lèves un peu plus tôt que d’habitude si tu veux qu’on ait le temps de faire quelque chose !
La jeune elfe avait l’impression d’avoir retrouvé sa mère. Avant que d’autres souvenirs ne la rattrapent, elle pris l’un des poissons qui remplissaient la corbeille, s’équipa du couteau que Jolianne lui tendait et se mit au travail.

Fin du premier chapitre

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